Cyno-Ops, un événement partenaire de Milipol Paris, se prépare à avoir lieu du 24 au 26 septembre 2025. Il présentera une sélection de sessions de conférence, apportant des éclairages pour les agents des forces de l’ordre, le personnel militaire, les agents des douanes et les représentants gouvernementaux qui utilisent les chiens comme outils de travail. L’une des sessions mettra en avant la Cinotecnia – Corpo de Fuzileiros – Marinha Portuguesa, l’unité cynophile du Corps des Fusiliers Marins portugais. Dans cette interview exclusive, l’unité de commandos d’élite donne un aperçu de son histoire, de ses missions et de ses défis.

 

1. Pouvez-vous nous parler de la Cinotecnia – Corpo de Fuzileiros – Marinha Portuguesa ?

Les premiers chiens utilisés par les Fusiliers portugais remontent à la guerre coloniale portugaise (1961–1974), quand sept bergers allemands furent acquis en Afrique du Sud pour soutenir la sécurité des installations et la détection d’explosifs (mines).
Avec la fin de la guerre et la démobilisation subséquente du personnel, le Centre de dressage et d’élevage des chiens de guerre fut créé en 1974 à l’École des Fusiliers, avec l’objectif de former et d’élever des animaux pour des missions de garde et de sécurité des installations.
Au fil des années, le groupe a évolué et a élargi ses capacités. Aujourd’hui, les chiens ne se limitent pas à la garde et à la défense mais accomplissent aussi des missions de recherche et de détection de stupéfiants et d’explosifs, ainsi que dans des opérations tactiques.
Actuellement, l’unité possède quatorze chiens et six maîtres-chiens, qui apportent toute l’expertise nécessaire. Le quotidien est exigeant ; il comprend l’accomplissement des missions assignées, l’entretien des installations et des animaux, ainsi que l’entraînement spécifique de chaque chien selon son domaine d’opération. Chaque fois que possible, la routine est complétée par des périodes de promenade, de socialisation et de détente, essentielles pour l’équilibre et la performance des animaux.

 

2. Quels types de missions réalisez-vous principalement ?

Actuellement, le groupe répond à une variété de besoins, à la fois dans des missions maritimes et terrestres, car les Fusiliers opèrent en mer et sur terre. En termes d’opérations tactiques, ils soutiennent les opérations spéciales, y compris les opérations d’arraisonnement, ainsi que les unités de projection de force dans l’exécution de diverses missions. Ces chiens sont à double usage, capables à la fois de neutraliser des insurgés et de détecter des explosifs.
Le groupe est aussi responsable de la sécurité des installations, en menant des recherches de substances illégales dans toutes les unités de la Marine à travers des inspections mensuelles assignées. En outre, ils conduisent la détection d’explosifs dans la juridiction de la Marine, particulièrement dans les zones humides, en effectuant des fouilles dans les ports ou sur les navires chaque fois que nécessaire. L’unité participe aussi à des activités sociales, prenant part à des démonstrations et des initiatives de sensibilisation avec diverses institutions.

 

3. Quels sont les défis spécifiques de l’utilisation des chiens dans des environnements marins ou amphibies ?

À notre avis, il y a plusieurs défis très spécifiques, distincts de ceux rencontrés à terre, car il est nécessaire de considérer les aspects physiologiques et de santé de l’animal. D’un point de vue opérationnel, travailler sur des surfaces glissantes, dans des espaces confinés et avec le mouvement de la mer peut causer des chutes, des blessures ou de l’insécurité pour l’animal.
L’exposition à des bruits intenses, tels que les moteurs, hélices et autres équipements navals, peut générer des niveaux élevés de stress et rendre difficile le suivi des ordres. De plus, l’environnement maritime présente des odeurs, des sons et des stimuli différents qui peuvent compromettre la concentration du chien.
Il y a toujours le risque de chute, de noyade ou d’hypothermie, ce qui demande une attention particulière à l’adaptation de l’animal à un équipement qui peut réduire ces risques en cas d’accident. Le sauvetage rapide des chiens tombés à la mer est plus difficile qu’à terre, rendant la prévention encore plus importante.
Entraîner un chien à terre est déjà un défi en soi. Quand on ajoute le contexte maritime, il est nécessaire de considérer une augmentation significative de la difficulté, nécessitant des stratégies spécifiques pour garantir la meilleure performance de l’animal tout en maintenant toujours une sécurité maximale.

 

4. En quoi l’entraînement et les exercices des chiens de la Cinotecnia des Fusiliers diffèrent-ils de ceux des autres unités cynophiles ?

L’entraînement et les exercices des chiens diffèrent clairement de ceux des autres unités cynophiles ; ils ne sont ni meilleurs ni pires, simplement préparés à opérer dans des environnements différents et hautement complexes. En plus des compétences communes à toute équipe maître-chien, telles que l’obéissance, le pistage, le marquage et la neutralisation de menaces, ces chiens sont systématiquement entraînés aux exigences spécifiques des environnements amphibies et aéroportés.
Dans les unités cynophiles où l’accent est principalement mis sur des scénarios terrestres conventionnels, les exigences ne sont pas les mêmes que celles rencontrées dans les opérations maritimes. Les chiens des Fusiliers doivent être habitués aux insertions amphibies, à l’embarquement et au débarquement des bateaux d’assaut tout en maintenant l’équilibre et la concentration dans des zones instables avec beaucoup de mouvement et de bruit. Ils doivent aussi être entraînés à la projection aéroportée, en s’acclimatant aux infiltrations par hélicoptères ou autres moyens aériens, y compris les descentes en corde lisse (fast rope) ou en rappel, et en faisant face au vent, à la hauteur et aux vibrations. Leur entraînement s’étend à l’exposition à des environnements hostiles, opérant dans des zones humides, boueuses ou difficiles tout en restant efficaces dans le pistage et le marquage. Tout aussi important, ils développent une résilience psychologique au combat, s’adaptant aux explosions, tirs, grenades et au mouvement constant des troupes sans perdre leur concentration ni se désorienter. L’intégration opérationnelle régulière avec les équipes d’assaut garantit que leur entraînement reproduit les conditions réelles de combat plutôt que de se limiter à des exercices d’obéissance isolés.
L’entraînement est donc plus complet et exigeant. Il n’est pas non plus limité au binôme maître-chien traditionnel mais promeut l’intégration complète de l’animal comme opérateur de soutien spécialisé dans les opérations amphibies et aéroportées. Le contrôle émotionnel, l’adaptation à l’environnement et la résilience deviennent aussi essentiels que l’obéissance et la capacité technique.